Lencouacq

Landes | Nouvelle-Aquitaine

la fontaine St Leu, les foires et l'atelier de matières résineuses

la fontaine St Leu, les foires et l'atelier de matières résineuses

la fontaine St Leu, les foires et l'atelier de matières résineuses

la fontaine St Leu, les foires et l'atelier de matières résineuses

La fontaine St Leu et la foire du 1er septembre 

Il faut la chercher un peu cette fontaine, située avant le chemin qui conduit au Grand Moulié. C'est un petit bassin, dissimulé derrière des lauriers, surmonté d'une croix en fer, où la source ne jaillit que par périodes pluvieuses. Etait-elle exactement à cet endroit celle que nous décrit Jean Labbé ? En tout cas, jusqu'en 1840, dans la soirée du 31 août de chaque année, la foule se rendait en procession à la chapelle pour y chanter les premières vêpres du saint; le lendemain, le 1er septembre, on y chantait la messe vers midi. Dans la soirée, la fontaine était assiégée par une foule de gens à genoux, qui versaient des aumônes dans un tronc placé au pied d'une croix. La soirée du 1er septembre se convertissait en foire champêtre qui se tenait sur un grand airial planté de vieux chênes, situé au sud de la chapelle, près de la maison appelée encore aujourd'hui La Hargue. Le prêtre nous fait part ensuite d'une absence de marché à Lencouacq, mais d'une 2ème foire importante qui avait lieu pour la St Michel, (2ème patron de la paroisse) le 2ème lundi de mai. Jusqu'en 1864, le terrain de foire se tenait sur l'emplacement de la propriété privée de la Hargue dont le propriétaire percevait la plus grande partie du produit des places, malgré les fournitures de matériel apportées par la commune. En 1864, la commune acheta 1ha50 de champ cultivé au sieur Sautiran pour en faire un champ de foire (la place actuelle du Foirail). On y planta des arbres en quinconce et sur ce terrain on y fit construire sous le même toit, la mairie, l'école des garçons et le logement de l'instituteur; l'école des filles et le logement de l'institutrice étaient dans une maison louée par la commune. 

 

L'émeute de la foire du 9-5-1787 
Dans un bulletin de la Société de Borda de 1978, Jean Cavignac nous a communiqué une étude sur les fraudeurs de tabac à priser et les gens des Fermes du Roi au XVIII siècle. L'administration des Fermes, chargée de recouvrer les impôts, possédait des bureaux où l'on percevait les droits et où siégeaient des brigades de surveillance très impopulaires. On connaît le tempérament individualiste et débrouillard du français et résistance à l'impôt ; à cette période, le droit payé sur le tabac est élevé, d'où une fraude collective de la population favorisée par son voisinage avec l'Espagne. On trouve dans les sources judiciaires des Archives des Landes, pas moins de 70 affaires de fraude de ce genre. C'est dans les amassades comme les foires que les jeunes contrebandiers se retrouvaient pour revendre le tabac acheté dans la zone franche, à proximité de Bayonne.

C'est ainsi que dans la grande foire de mai à Lencouacq en 1787, des incidents violents vont opposer fraudeurs et contrôleurs des Fermes, venus pour surveiller. Des jeunes gens, sans doute avinés, proposent du tabac devant le nez des agents pour les provoquer. Sentant l'hostilité de la foule et le piège, les employés veulent se retirer mais 500 personnes les entourent; armés de bâtons, ils frappent et brisent leurs fusils sans écouter leur appel à miséricorde. Sale quart d'heure, pour les contrôleurs !.. Au procès, un témoin dira, il fallait bien les battre mais non les tuer. On parla sans doute longtemps de cette échauffourée célèbre au cours des veillées. Mais l'historien Cavignac nous précise que ce ne fut pas un cas isolé car deux années avant, le 16 mai 1785, à Vielle Soubiran, 60 personnes avaient libéré un individu espagnol qui avait tiré plusieurs coups de feu sur deux employés de Bordeaux. Bien d'autres actions de ce genre se multiplièrent dans tout le département; le ferment révolutionnaire commençait à bouillonner déjà dans les campagnes landaises. 

Cette violente échauffourée de Lencouacq qui aurait pu être sanglante, s'est produite sur le champ de foire qu'on appelle la Hargue ne serait ce pas cet épisode qui lui a donné ce nom? On peut le supposer ...harga en gascon signifiant : aiguiser la faux, battre le fer...... 

 

L'atelier de matières résineuses au Jougué en 1864 

Nous avons trouvé dans un dossier, l'autorisation officielle, signée par le Préfet, le baron de Vougy, qui permet d'établir en 1864 un atelier de distillation de matières résineuses, près de la maison du Jougué. Etienne Gleyze, maire de Lencouacq, propriétaire et négociant a présenté à l'appui de sa demande, un plan des lieux dessiné par le géomètre Cabannes de Lugaut (père de Gabriel Cabannes, le célèbre avocat et auteur de la Galerie des Landais). Le juge de Paix de Roquefort, Henri de Biensan (conseiller général et demeurant à la Braise à St Gor) est chargé de l'enquête. Les maires des trois communes voisines, Maurin à Bélis, Courégelongue à Cachen, Baris à Arue ont donné un avis favorable. Nous ne connaissons pas, hélas, les détails des activités de cette usine. 

Plus tard, en 1887, Marcellin Lescouzères fils, propriétaire à Lugaut et Bertrand St Blancat, propriétaire à Lencouacq achètent à Jean Libet Descornes et à son épouse Gabrielle Lafon, demeurant aux Jourets, cette usine pour distillation de matières résineuses, composé de bâtiments, fours, chaudières et tous les appareils nécessaires à l'exploitation. Sept ans plus tard, en 1894, Gaston Lescouzères, célibataire, (futur maire de Roquefort) reprendra l'affaire de son père. Le chemin de l'usine qui conduit au quartier du Jougué (après le cimetière) nous rappelle cet atelier dont on peut encore distinguer quelques vestiges de four, de cuves et de cheminées, (dans la maison Désenfants actuelle).