Lencouacq

Landes | Nouvelle-Aquitaine

L'église Saint Jean

vue de la façade ouest de l'église

L'église Saint Jean

L'église Saint Jean

Historique de l'église

 

L’église Saint Jean

La toute première église, située en plein milieu du cimetière clôturé, était de style roman grossier, sans art; composée d’une nef principale et d’un sanctuaire circulaire qui mesuraient 7 m 80 de large ne dépassant pas le niveau de la balustrade actuelle; du coté du midi, une petite nef latérale avec sa chapelle indépendante, dédiée à la vierge, avait été construite par la famille de Persillon propriétaire du domaine des Jourets. Le clocher était au dessus de la porte d’entrée avec un porche posé sur deux piliers extérieurs.

En 1569, comme la plupart des églises du Marsan, l’église paroissiale et celle de Bessaut sont pillées et brûlées. En 1571, le roi Charles IX ordonne un recensement et un état des lieux saints et des chapelles. Par ce procès verbal, miraculeusement sauvé, nous connaissons l’existence de beaucoup d’édifices religieux landais. A Lencouacq, comme à Roquefort, les églises ont subi les exactions des hommes du Capitaine Thoras (ou Thoiras).

L’épouse du marguillier de Lencouacq voulut résister aux pillards protestants, mais ceux-ci la bâillonnèrent; elle en mourra.

Les nommés Esganebaque et de Baldi, de St Justin s’emparèrent de 100 ruches et de 11 mesures de millet, appartenant à la Fabrique (biens de l’église), ainsi que de précieux ornements et d'une cloche. Cent ans environ après, l’évêque Jean Louis de Fromentières fait sa visite annuelle dans l’archiprêtré de Roquefort. Il se rend au village de Lencouacq et à Bessaut, pour constater un état de délabrement considérable. Il ordonne une liste de travaux urgents qui devront être exécutés sous la responsabilité du prêtre de Sarbazan, Fabien de Cist. De même, Mr de Persillon fondateur de la chapelle Notre Dame devra exécuter lui aussi de grands travaux.

Les travaux exécutés à partir de 1771

Bientôt, les rafistolages ordonnés par l’évêque en 1678 ne suffisent pas ; sanctuaire et clocher sont prêts à s’écrouler.

En 1771, on décide de construire un nouveau clocher au sud accolé à un morceau de muraille en attendant de démolir l’existant. On met 5 ans pour le faire. En 1776 avec les pierres de démolition et des pierres dures des carrières de Roquefort, on entreprend la façade, sous l’autorité du sieur Chopis, architecte à Roquefort. En 1780, Simon de LAPORTERIE est nommé curé de Lencouacq. Forte personnalité, ce prêtre venait d’avoir de sérieux démêlés avec l’évèque d’Aire. Il sera élu député du Clergé de la Sénéchaussée du Marsan ; on ignore le rôle qu’il joua aux États Généraux. L’abbé LAULOM nous apprend que, pressenti pour être évêque, il refusa ce poste. On peut penser que durant son passage éclair à Lencouacq (la révolution est toute proche), il a participé efficacement a ces grands travaux entrepris dans l’église. Cinq ans après, le vieux sanctuaire est démoli, on le déplace de 10 m à l’est et on entreprend la construction d’une autre chapelle au nord. Ainsi l’église est beaucoup plus vaste, portée à 357 m2 de surface, au détriment du cimetière. La nef centrale communique par 3 arceaux en plein cintre avec deux nefs latérales mesurant 21 m de long sur 17 m de large et 6 m de hauteur environ. Chaque nef latérale va avoir sa chapelle. Celle du Nord, dédiée à la vierge, remplace celle des seigneurs des Jourets ; sa statue est en bois massif sculpté ; son autel en marbre blanc a été offert en 1844, par les parents de Mme Libet Descornes héritiers du domaine des Jourets, lorsqu’ils furent parrains et marraine d’une cloche. La chapelle du sud est dédiée à St Joseph ; sa statue est en terre cuite ; le tombeau de l’autel est en bois, peint imitation marbre gris. Plusieurs statues, de St Côme, St Blaise, St Loup, du Saint Cœur de Marie ont été déplacées par les prêtres successifs ; on a du mal à les identifier sans un livre d’hagiographie (science de la vie des saints). Le chœur vouté en pierre est décoré, de grisailles (trompe l’œil) peintes en 1866 par le peintre Duval qui représentent les évangélistes. Sur le fond plat, le tableau du Christ en croix est entouré de St Pierre et de St Paul. La statue de St Loup à droite et celle de St Michel à gauche sont posées sur des culs de lampe en bois d’orme. Les deux anges adorateurs, riches d’expression, en plâtre durci, ont été modelés sur ceux de l’église de Brocas les Forges (œuvre célèbre des frères Mazetti, très réputés dans nos églises landaises).

L’exceptionnel baldaquin en marbre rouge et son cœur en cuivre doré.

Un baldaquin, supporté par 6 colonnes monolithes, ainsi que l’autel et le tabernacle sont en marbre rouge remarquable. Cet ensemble provient de la très ancienne abbaye cistercienne du Rivet (près d’Auros en Gironde). Sauvé lors de sa démolition, il avait été installé dans la cathédrale de Bazas. Au cours de travaux dans celle ci, en 1855, l’architecte décide d’ôter ce baldaquin, pas assorti à l’autel, selon lui.

A ce moment là, le trésorier de la Fabrique de Bazas est Mr Descomes, héritier du domaine des Jourets où il passe l’été. Acheté 300 fr, il l’offre à la paroisse de Lencouacq. En même temps, une grande souscription auprès des paroissiens (60 fr) va permettre d’acheter un cœur doré sur cuivre, exposé à la vénération des fidèles; il est attaché au milieu de la gloire, en haut de l’entablement du baldaquin. Dans le creux du cœur, on a gravé les noms de toutes les familles et personnes qui ont témoigné aussi leur consécration au sacré cœur de Jésus. Dommage que de l’intérieur de la nef, on ne puisse voir les détails de cet ensemble exceptionnel; malheureusement l’arc triomphal en plein cintre, le cache en partie.

Il serait trop long d’énumérer tous les objets et travaux offerts par les familles du domaine des Jourets, notons toutefois le vitrail qui se trouve au dessus de la tribune, un chemin de croix, un tableau de l’Annonciation, un ostensoir en argent, un tapis d’Aubusson etc. ..

Au fond de l’église, côté nord, dans une partie subsistante de la toute première chapelle indépendante de Mr de Persillon, nous avons pu déchiffrer au sol, les inscriptions de la pierre tombale des dernier seigneurs des Jourets inhumés à cet endroit.

Le clocher

C’est une tour de forme carrée haute de 21 m. Un architecte avait fait les plans et devis d’une flèche mais elle ne fut jamais exécutée. Deux cloches l'habitent.

La plus petite, la plus ancienne, pèse environ 400 kilos ; elle porte une inscription faite en 1814 à Bordeaux: Bernard Simon, curé; parrain : Arsène Couralet; marraine : Catherine Josèphe de Larroque, veuve de Lescalle, noble; Jésus Marie Joseph, sit nomemãomini benedictum, Dens sit protector parecia Lencouacq Ampoulane fecit.

La deuxième, plus grande (650 kilos) porte une inscription faite par les frères Delestan de Dax : à Lencouacq le 1er juin 1844 chez Mr Maurrin, maire; Mr Lapeyre, adjoint; Pierre Dauga, le curé; St Jean l'évangéliste, patron de la paroisse; St Michel: parrain, Marie: marraine. Soyez les protecteurs de la paroisse. Mr et Mme Descornes, parrain et marraine.

Par d’autres archives communales, nous savons entre autres, que l’horloge fut installée dans le clocher sous la mandature de Marcel Coutures maire en 1924 (grand père de notre amie Marie Louise). Achetée à l’horloger Mr Lussaut fabricant à Marcay (Vienne), elle coûta 5600 fr.

Depuis elle sonne l’heure avec répétition et la demie sur la grosse cloche de 650 kilos; ses deux cadrans extérieurs sont en cuivre émaillé inaltérable de 1 m à 1 m 20 de diamètre. Comme celui de toutes nos églises, l’entretien de celle de Lencouacq a suscité de nombreux soucis aux édiles au cours des siècles, grévant lourdement le budget communal.

La dernière restauration spectaculaire fut celle terminée en 1998. Sous l’autorité de l’architecte des Bâtiments de France, Mr Jonquières d’Oriola le clocher fut consolidé et recouvert à neuf; la façade ouest fut elle aussi reprise. Cette dernière est originale par sa petite allure latino-américaine donnée surtout par les crépis de pigments jaunes qui ont un peu choqué nos regards au début. Mais il est vrai qu’ainsi les frises, corniches, architraves et moulures en pierres de Roquefort forment un contraste heureux, au dessus des deux portails dont le grand, en orme massif n’est ouvert que pour les grandes cérémonies.

En 10 ans, avec la patine du temps, notre œil s’est très bien habitué à cette couleur mais déjà malheureusement, on distingue déjà une nouvelle dégradation, sur la façade due à une vilaine gouttière...

Éternel combat !...

 

 

 

 

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